Est-ce que le 31 octobre est un jour férié ?

par | Oct 6, 2025 | Ressources scolaires | 0 commentaires

Chaque année, à l’approche de la fin du mois d’octobre, la même question revient sur de nombreuses lèvres : le 31 octobre est-il un jour férié ? Entre les décorations de citrouilles qui fleurissent et la proximité avec une date officiellement chômée, la confusion est fréquente. Pourtant, la réponse est ancrée dans le droit du travail et les traditions culturelles françaises. Ce jour, veille de la Toussaint, possède un statut particulier qui mérite d’être clarifié, loin des influences commerciales et des coutumes venues d’outre-Atlantique. Il est donc essentiel de distinguer la fête populaire de la réglementation légale pour comprendre pourquoi cette date n’apparaît pas sur le calendrier officiel des jours chômés en France.

La Toussaint et ses spécificités

Pour bien comprendre le statut du 31 octobre, il est indispensable de se pencher sur le jour qui le suit directement : le 1er novembre. C’est cette date, et non la veille, qui détient une importance légale et culturelle majeure en France.

Le 1er novembre : un jour férié légal et reconnu

La Toussaint, célébrée le 1er novembre, est l’un des onze jours fériés légaux inscrits dans le code du travail français, plus précisément à l’article L. 3133-1. Cette journée est dédiée à la commémoration de tous les saints et constitue une fête d’origine catholique profondément ancrée dans le patrimoine national. Contrairement au 31 octobre, son caractère férié est indiscutable et s’applique sur l’ensemble du territoire français. Les autres jours fériés nationaux sont les suivants :

  • Le 1er janvier (Nouvel An)
  • Le lundi de Pâques
  • Le 1er mai (Fête du Travail)
  • Le 8 mai (Victoire de 1945)
  • L’Ascension
  • Le lundi de Pentecôte
  • Le 14 juillet (Fête nationale)
  • Le 15 août (Assomption)
  • Le 11 novembre (Armistice de 1918)
  • Le 25 décembre (Noël)

Le caractère chômé de la Toussaint

Si le 1er novembre est bien un jour férié, cela ne signifie pas automatiquement qu’il est chômé pour tous les salariés. En France, seul le 1er mai est un jour férié obligatoirement chômé et payé pour l’ensemble des travailleurs. Pour les dix autres jours fériés, dont la Toussaint, la situation dépend des accords d’entreprise ou des conventions collectives. Dans la grande majorité des cas, le 1er novembre est un jour de repos, mais certains secteurs d’activité, comme l’hôtellerie, la restauration ou les services d’urgence, peuvent exiger la présence de leurs employés, souvent en contrepartie d’une majoration de salaire ou d’un repos compensateur.

La distinction entre le statut légal du 1er novembre et celui du 31 octobre est donc fondamentale. L’un est officiellement reconnu par la loi comme un jour de repos potentiel, tandis que l’autre ne bénéficie d’aucune reconnaissance légale. Cette clarification permet de mieux aborder la question de la veille de la Toussaint, souvent associée à une autre célébration.

Halloween et le statut du 31 octobre

La confusion entourant le 31 octobre est largement alimentée par la popularité croissante d’Halloween. Cependant, cette fête importée n’a aucune incidence sur le calendrier des jours fériés en France.

Une célébration culturelle sans reconnaissance légale

Halloween est une fête d’origine celtique, principalement célébrée dans les pays anglo-saxons comme l’Irlande, le Canada ou les États-Unis. Son implantation en France est relativement récente et relève davantage du phénomène commercial et culturel que de la tradition. Par conséquent, le 31 octobre reste un jour ouvrable ordinaire aux yeux de la loi française. Les entreprises fonctionnent normalement, les écoles sont ouvertes et les services publics assurent leur continuité. Célébrer Halloween relève de la sphère privée et n’ouvre droit à aucune dérogation professionnelle.

La pratique courante du « pont »

Si le 31 octobre n’est pas férié, il peut néanmoins être chômé dans certaines entreprises grâce à la pratique du « pont ». Ce mécanisme consiste à accorder un jour de repos aux salariés entre un jour férié et un jour de week-end pour créer une période de congé prolongée. Par exemple, si le 1er novembre tombe un mardi, l’employeur peut décider d’accorder le lundi 31 octobre. Ce n’est cependant jamais un droit automatique pour le salarié. La mise en place d’un pont est une décision unilatérale de l’employeur ou le fruit d’un accord collectif. Les heures non travaillées durant un pont peuvent être récupérées ultérieurement ou décomptées des jours de RTT ou de congés payés, selon les dispositions prévues par l’entreprise.

Consulter sa convention collective : le réflexe indispensable

Pour connaître le statut exact du 31 octobre dans son entreprise, il est primordial de se référer à sa convention collective ou à son accord d’entreprise. Ces documents précisent les modalités d’application des jours fériés et l’éventuelle existence de ponts. Ils peuvent également prévoir des jours chômés supplémentaires propres à un secteur d’activité ou à une région. En l’absence de dispositions spécifiques, le 31 octobre est considéré comme un jour travaillé comme les autres.

Cette distinction entre jour férié légal, fête culturelle et pratique d’entreprise met en lumière la complexité du calendrier social français, qui ne se limite pas aux seules dates fixées par la loi.

Répartition des jours fériés en France

Le système des jours fériés en France est un savant mélange de dates fixes et mobiles, de célébrations civiles et religieuses, avec des variations notables selon les régions.

Le calendrier national des jours fériés

La France compte onze jours fériés reconnus sur l’ensemble du territoire. Leur répartition tout au long de l’année est hétérogène, avec une forte concentration au printemps. Voici un aperçu de leur nature :

Fête Date Type
Jour de l’An 1er janvier Civile
Lundi de Pâques Variable Religieuse
Fête du Travail 1er mai Civile
Victoire de 1945 8 mai Civile
Ascension Variable Religieuse
Lundi de Pentecôte Variable Religieuse
Fête nationale 14 juillet Civile
Assomption 15 août Religieuse
Toussaint 1er novembre Religieuse
Armistice de 1918 11 novembre Civile
Noël 25 décembre Religieuse

Les exceptions régionales : le cas de l’Alsace-Moselle

Le droit local en Alsace-Moselle, hérité de la période allemande, accorde deux jours fériés supplémentaires aux salariés des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Il s’agit du Vendredi Saint (le vendredi précédant le dimanche de Pâques) et de la Saint-Étienne (le 26 décembre). Ces jours s’ajoutent aux onze jours fériés nationaux, portant le total à treize pour cette région. D’autres spécificités existent également dans les départements et régions d’outre-mer, comme la commémoration de l’abolition de l’esclavage à des dates différentes.

Ce panorama des jours chômés en France montre que le calendrier social est le fruit d’une histoire complexe, mêlant événements historiques, traditions religieuses et particularismes locaux. Il met aussi en évidence que le 31 octobre n’y figure à aucun titre.

Les traditions associées au 31 octobre

Au-delà de son statut légal, le 31 octobre est marqué par une dualité de traditions. D’un côté, une coutume festive et commerciale importée, de l’autre, les prémices d’un recueillement plus solennel.

Halloween : une adoption progressive et commerciale

La soirée du 31 octobre est aujourd’hui largement identifiée à Halloween. Cette fête se manifeste par des déguisements, des chasses aux bonbons pour les enfants (« des bonbons ou un sort ») et des soirées à thème pour les adultes. C’est une tradition qui a trouvé un écho particulier auprès des jeunes générations et qui est fortement soutenue par les secteurs du commerce, de la confiserie à la vente de costumes. Toutefois, son implantation reste inégale et elle ne parvient pas à supplanter les coutumes locales plus anciennes.

La veille de la Toussaint : une tradition de recueillement

Pour une grande partie de la population, le 31 octobre est avant tout la veille de la Toussaint. Cette journée est souvent consacrée à la préparation de la visite aux cimetières qui aura lieu le lendemain. C’est le moment où les familles achètent des chrysanthèmes, la fleur emblématique de cette période, pour fleurir les tombes de leurs défunts. Cette tradition, plus discrète et intime, contraste fortement avec l’exubérance d’Halloween et témoigne de l’importance du souvenir et du recueillement dans la culture française à cette période de l’année.

Cette cohabitation de deux ambiances très différentes le même jour illustre la manière dont les sociétés modernes intègrent de nouvelles pratiques culturelles tout en conservant leurs traditions historiques. Cela permet de mieux appréhender le contexte global dans lequel s’inscrit cette date.

Comparaison internationale des jours fériés

Pour mettre en perspective la situation française, il est intéressant de comparer le nombre de jours fériés avec celui de nos voisins et d’examiner le statut d’Halloween à l’étranger.

La France dans la moyenne européenne

Avec ses onze jours fériés nationaux, la France se situe dans la moyenne des pays européens. Certains pays en comptent moins, d’autres davantage, souvent en raison d’un plus grand nombre de fêtes régionales.

Pays Nombre de jours fériés nationaux
France 11
Allemagne 9 (variable selon les Länder)
Espagne 10 (plus des jours régionaux et locaux)
Italie 11
Royaume-Uni 8 (en Angleterre et au Pays de Galles)
Belgique 10

Le statut d’Halloween dans le monde

Il est d’usage de noter que même dans les pays où Halloween est une fête extrêmement populaire, comme les États-Unis ou l’Irlande, le 31 octobre n’est pas un jour férié officiel. C’est une célébration majeure sur le plan culturel, mais elle ne donne pas lieu à un jour de congé légal. Les activités professionnelles et scolaires se poursuivent normalement. Cette réalité internationale renforce le fait que le caractère festif d’une journée n’implique pas nécessairement sa reconnaissance comme jour chômé par l’État.

Cette analyse comparative montre que la gestion des jours fériés est une prérogative nationale qui répond à des logiques historiques et sociales propres à chaque pays, et que l’impact économique de ces journées chômées est un enjeu universel.

Impact économique des jours fériés et ponts en France

L’existence de jours fériés et la pratique des ponts ne sont pas sans conséquences sur l’économie nationale, avec des effets contrastés selon les secteurs.

Un coût pour la productivité nationale

Chaque jour chômé représente un manque à gagner pour l’économie en termes de production de biens et de services. Les estimations du coût d’un jour férié pour le produit intérieur brut (PIB) varient, mais elles soulignent une baisse d’activité mesurable. Les « ponts », en prolongeant les périodes d’inactivité, peuvent accentuer ce phénomène, en particulier dans les secteurs industriels et les services aux entreprises. C’est pourquoi leur organisation est souvent encadrée et planifiée pour en limiter l’impact.

Une opportunité pour le tourisme et le commerce

À l’inverse, les longs week-ends générés par les jours fériés et les ponts sont une véritable aubaine pour certains secteurs. Le tourisme intérieur, l’hôtellerie, la restauration et les activités de loisirs connaissent des pics de fréquentation durant ces périodes. Les Français profitent de ces pauses pour voyager, visiter leur famille ou s’adonner à des activités culturelles et sportives, stimulant ainsi la consommation. Le pont de la Toussaint, s’il a lieu, est souvent l’occasion des dernières escapades avant l’hiver.

La gestion des ponts en entreprise

La décision d’accorder un pont comme celui du 31 octobre est un exercice d’équilibre pour l’employeur. Il doit peser les avantages en termes de bien-être des salariés et de climat social contre les contraintes de production. Les modalités de mise en place sont variées :

  • Jour offert : l’employeur décide de fermer l’entreprise sans contrepartie pour les salariés.
  • Récupération des heures : les salariés doivent effectuer les heures non travaillées à un autre moment.
  • Décompte des congés : le jour de pont est déduit du solde de congés payés ou de RTT des employés.

Cette flexibilité permet aux entreprises d’adapter la gestion du temps de travail à leur réalité économique et à leur culture interne.

Le 31 octobre n’est donc pas un jour férié en France. Il s’agit d’un jour ouvrable classique, veille de la Toussaint, qui est, elle, un jour férié légal. La confusion est souvent entretenue par la célébration culturelle d’Halloween et la possibilité pour certaines entreprises d’organiser un « pont ». Le statut d’un jour chômé, à l’exception du 1er mai, dépend largement des conventions collectives et des accords d’entreprise. Il est donc crucial pour chaque salarié de se renseigner sur les dispositions spécifiques qui lui sont applicables. Le calendrier social français, avec ses spécificités nationales et locales, demeure un système complexe où la loi fixe un cadre général que la négociation collective vient ensuite préciser.